(M) RYAN KELLEY - LIBRE

« Je déteste les avions, c’est encore long tu crois ? » Serena souffla et lança un regard à sa voisine, une jeune fille à peine sortie de l’adolescence. Elle était crispée sur son siège, une grimace sur son visage. La rousse secoua la tête et lui sourit, comme pour la rassurer. « T’en fais pas, c’est pas le bout du monde, d’ici 1h on sera à destination. Tu vas où toi ? » Après l’avion, Serena allait devoir prendre un bus pendant une petite heure pour retrouver sa petite ville, mais elle avait hâte d’arriver .Quitter NY était la bonne solution, du moins pour le moment. « Euh la Californie, Santa Monica.» Serena se figea et se retourna plus franchement vers sa voisine, sourire aux lèvres : « C’est là que je vais aussi.» Serena était ravie de voir que sa tentative avait fonctionné et que sa voisine semblait plus détendue. « C’est vrai ? Oh génial, je flippais à l’idée qu’il y ait que des vieux. Ca craint..» Serena lâcha un petit rire et secoua la tête : « Non t’inquiètes, il n’y a pas que des vieux, loin de là. C’est plus plat que NY. C’est pour ça que j’étais partie faire mes études à NY.» La rouquine lui lança un regard admiratif et lui sourit. « C’est classe ça, moi aussi j’espère faire mes études ailleurs, l’Europe, peut-être ou … Je sais pas encore, je suis au lycée, et je termine l’an prochain.» Elle souffla doucement et Serena lui sourit. « Pourquoi tu rentres, tu ne te plais plus à NY ? » Serena resta silencieuse un instant, son regard se perdant dans le vague et elle finit par hausser les épaules. Après tout, elle pouvait lui parler, ce n’était qu’une gamine insouciante qui aurait tout oublié le lendemain. « Je me suis enfuie.» Elle vit la surprise se dessiner sur le visage de la jeune fille et elle continua : « Enfin, enfuie… Disons que j’avais besoin de faire un break avec ma vie de NY. Du coup, je reviens chez moi, histoire de souffler un peu.» Elle sourit et haussa les épaules. Elle avait soigneusement évité le passage de « je suis fiancée mais peut-être pas amoureuse, donc je suis partie sans rien dire. » « Waou, c’est classe..» Serena se mordilla la lèvre, au moins quelqu’un trouvait sa situation cool. Quand elle avait dit à sa meilleure amie qu’elle partait quelques jours, elle avait eu le droit à une leçon sur comment se comporter.. Bref, pas vraiment ce qu’elle attendait d’elle. « Moi, je … Je quitte enfin ma famille d’accueil, je vais habiter chez mon père.» A son tour, Serena esquissa une moue incrédule, et la jeune fille sourit : « Ouais, c’est compliqué aussi de mon côté. Au fait, moi c’est Lizzie.» « Enchantée, moi c’est Serena.» « On pourra boire un café ensemble ? Je connais pas grand-monde et …» Serena lui sourit et hocha la tête : « Avec plaisir ! »

« Allez, dors à la maison, je te raconterai ma première semaine au lycée, c’était trop nul.» Lizzie la suppliait au téléphone et Serena soupira, son café à la main, le regard se posant sur l’horloge. « Bon ok, je viens passer le week-end chez toi, mais tu es sûre que ça gêne pas ton père ? » « Il bosse comme un fou, il remarquera même pas ta présence.» Serena sourit et acquiesça avant de raccrocher. Lizzie était mignonne comme tout, elle l’aimait bien. Elle lui rappelait elle, quand elle était plus jeune et plus insouciante. Bizarrement, c’était ce dont elle avait besoin en ce moment. Elle avait réussi à dégoter un job de prof de sport et ça lui suffisait pour le moment même si ses sœurs ne comprenaient pas qu’elle continue son boulot de journaliste. Comment le leur dire ? Ca, et Julian. Elle mentait sur toute la ligne, et elle s’en voulait, mais en même temps, elle avait besoin d’un peu de temps pour elle. […] Les deux filles riaient aux éclats, Serena se prenait au jeu de revenir à ses 17 ans, et elle aimait de plus en plus Lizzie. C’était comme une petite sœur qui lui tombait du ciel. Elle laissa la jeune fille se coucher enfin et rapidement, Lizzie s’endormit tandis qu’elle se retournait dans le petit lit de camp qu’elle occupait. Elle décida de se faufiler jusqu’à la cuisine pour prendre un peu d’eau. Elle enfila son gilet par-dessus sa petite culotte et son débardeur et s’aventura dans la maison de la jeune fille. Arrivée à la cuisine, elle ouvrit le frigo et hésita un instant avant de s’emparer du jus d’orange. « Je peux vous aider ? » Une voix masculine la fit sursauter et elle referma brutalement la porte du frigo qui l’empêchait de voir le nouvel arrivant, tombant alors nez à nez avec un homme plus que charmant. Elle déglutit et esquissa un mince sourire. « Je suis … Serena, l’amie de Lizzie. Je dors ici cette nuit, et j’avais soif.» Elle se sentait stupide et se justifiait comme une ado prise sur le fait. Mais l’inconnu la troublait, il était séduisant, et bien trop jeune pour être le père de l’ado de 18 ans qui était devenue son amie. « Vous ? Son amie ? Mais … sans vouloir vous vexer, vous n’avez pas l’air d’une lycéenne.» Elle sentit son regard s’attarder sur ses courbes féminines, et se rappela qu’elle ne portait qu’une culotte en guise de bas. « Euh .. Et bien techniquement … Je . Je ne suis plus lycéenne non, ni même étudiante. » Il quitta un instant la cuisine avant de revenir et il lui balança un pantalon de jogging : « Enfilez-ça s’il vous plaît. Retournez vous coucher, on parlera demain.» Elle ne demanda pas son reste et fila dans la chambre de Lizzie, le cœur battant. « Tu as croisé mon père ? » Serena sursauta et Lizzie alluma la petite lumière. « J’ai entendu du bruit.» « Oui, je .. Je l’ai croisé dans la cuisine, je crois qu’il était pas très content de me voir.» Lizzie souffla et lâcha un petit rire : « Il est jeune hein ? Mes parents m’ont eu quand ils étaient au lycée, maman avait 16, papa 17 ans. C’est pour ça.» Serena hocha doucement la tête : « Et ta mère ? » Lizzie soupira doucement : « Ils se sont séparés quand j’étais petite, je devais avoir 7 ans. Maman a ensuite empêché papa de me voir, elle me disait que c’était lui qui voulait pas de moi. Elle est morte il y a 3 ans. J’ai vécu chez ses parents mais ils m’ont dégagé, j’ai ensuite été de famille en famille jusqu’à que je retrouve mon père. J’ai retrouvé plein de courriers de lui à la mort de maman, j’ai compris qu’elle m’avait menti, que c’était elle qui avait tout fait pour que je ne le contacte pas. Maintenant, papa a le droit à une nouvelle chance. Ca lui fait bizarre que je sois là, et du coup, il a du être étonné de te voir aussi.» Serena attrapa doucement la main de la jeune fille. « Je suis désolée, Liz, tu … Tu mérites pas ça. J’espère que tu seras bien ici.»  Lizzie sourit et hocha la tête : « J’en suis sûre.»